La ville

m'a pris au piège
m'a séduit de sa foule
m'a réduit à l'anonymat du nombre
m'a assigné au travail
m'a listé les frais

ville tu m'a égaré 1000 fois Bruxelles
Bruxelles vie sale pleine de rats
j'ai respiré tes nuages de gaz et tes odeurs chargées
en chicha, en CO2, en cigarette, en poubelle.
J'ai inhalé les moisissures et les vapeurs cuisinées.
La vodka qui colle au sol à la fin d'un shift, les acouphènes qui témoignent de l'heure tardive.

J'ai toujours eu peur d'échouer
ici ce n'est pas possible d'être quelqu'un
dans la masse
j'ai pris tous les trams,
foulé les pavés des quartiers
seulement une dizaine,
je ne connais pas la périphérie
au sens large j'en viens
Tous ceux qui viennent de mon village finissent ailleurs,

Mon petit village n'a pas de coutume,
n'a pas coutume de se raconter
Ce que j'ai fait de plus audacieux et extravagant,
sortir tard, descendre dans la rue, aller aux ateliers.
Je ne sais plus à qui je veux plaire,
ni ce que je veux montrer.
Comme un provincial j'encaisse pas
je suis toujours un peu étonné,
mais aussi désensibilisé.
Je connais quand même rien au dehors,
je me suis cantonné. J'en suis resté aux cafés, aux écoles, aux magasins.
J'ai été le plus élastique, le plus perméable, aussi attachant que j'ai pu
Je n'ai plus plu
Je n'ai plus pu plaire.
Aveu d'une déception, amoureuse.

On tombe amoureux d'une idée des autres. J'étais épris, ému d'une idée de moi
Elle est tellement exigeante, je ne sais pas si elle me laissera vivre en paix.
J'étais passionné d'une idée de moi dans une idée de la ville. Je ne recommencerai plus.
Ça m'étonne autant que ça me dégoûte, ça m'inspire un peu. D'avoir faim, de n'avoir aucune certitude, de n'avoir pas de repère ni d'appui, mais de quand même désirer une idée désuète.
Désirer une idée désuète.
La grisaille c'est dans mon cœur,
pas tant dans le ciel rosé d'une ville du Nord,
qui finalement n'a rien de cruel, sinon ce qu'on en fait comme usine

Une chose m'ennuie quand même, c'est de voir comme on fait des cultures les plus secrètes un commerce si visible. Du spam pour la techno, de la pub pour les occupations temporaires, des graphistes pour les squats. Des prints pour les soirées queer. J'aurais aimé la poésie de ne rien connaitre, d'être introduit, de flâner, d'être pris par la main. D'une bouche à mon oreille, sans passer par les yeux. Sans passer par les notification de la petite fenêtre. J'aurais peut-être aimé les 70s (au moins pour le manteau de l'héroïne de Blue Jean).

Ville dense et malgré ça le sentiment de solitude, le labeur, la marchandisation de toutes les distractions. Les créatifs sont des entrepreneurs indépendants, il parait. J'ai vu qu'une civilisation commence à partir d'un fémur cassé guéri. Je vous en prie, pressez vous à ma porte pour m'amener l'amour et la soupe, le pain et les jeux, je vous gratifierai du plus grand des compliments. Vous serez généreux car je serai invalide, je serai malade et vous serai mes fidèles anticapitalistes. Je n'aurai rien à donner.
M'a ouvert les yeux,
la ville. M'a policé du mouvement, m'a appris des dynamiques.

À vouloir me trouver partout, entouré de monde, je ne me sens nulle part. Une part nulle du paysage. Une abstraction du décor. Croire que le rêve américain ne s'applique qu'au rêve, qu'aux USA ou qu'aux immigrants, c'est n'avoir pas vécu d'adolescence. Je suis endeuillé de cet amour propre duquel je n'ai pas été à la hauteur. C'est pas si compliqué à comprendre. 

On ferme les yeux, le temps d'une sieste, quelques saisons ont passé le pied à terre et l'esprit terre à terre s'est mû en tertre, le vent a soufflé sur l'espoir et une couche érodée couvre la tanière douillette d'où un moi s'extirpe. Il faut toujours recommencer ; et avec ça je suis en lutte. Comme si le temps de comprendre, il était déjà trop tard pour agir ; comme si un choix s'imposait avant que le dilemme ne se soit présenté correctement.

Je n'étais pas là quand j'ai vécu l'école ; j'aurais juré l'avoir haïe et maintenant que je n'y vais plus, elle me manque comme une amie expatriée. C'est pas vrai que j'ai les idées bourges ou bien les gouts snob. Mon éducation n'a servi qu'à distinguer : bon gout, mauvais gout, légitime ou pas. Mais là n'était pas mon intérêt.





Aux gros mots les petits moyens
Vulgaire subversif bourgeoisie
I hate rich people. They wear white clothes that never stain,
No yellow trace under the armpits, it's as shiny as in advertising
and they keep the mystery proudly unsolved.
I hate rich people. I'm sitting at a café where
the bread costs 5 euros, pretending it's normal, pretending
I could foresee where the economy was supposed to go.
I hate rich people, when they make me move to
one of these neighborhoods where my whole body becomes
over self-aware and disciplined under the subltle radar
eyes of the petits bourgeois. I hate rich people,
and apparently I have a type now, the boys I meet
are materially careless enough to have a romantic lifestyle
and an intellectual education.
I hate rich people cause when he tells me his friends buy
and renovate and sell
houses in brussels, I understand that they are pushing me away
from my city. That I'm working aside being a student
to put money in their pockets. That my body is gonna be at their disposal
every sunday, with a mandatory smile to wipe any
trace of bad counciousness.
I hate their strategies of avoiding to have to see
any sign of the violence they inflict.
Small talk was built for them.
Art was built for them.
Churches and temples are theirs.
Flourishing gardens in the middle of urban jungles belong to them.
To what extend do we really share the place with them ?
Do they share the place with us ?
To what extend is the public space public ?
Why does even sex tastes like a compromise ?
Clean, white, sweet sensual smells,
perfumed designed unique rooms.
I live in a box, next to six other bedroom boxes,
stuck between other big concrete squares,
stacked windows and pragmatical shelves.
Lack of light, lack of ventilation. I know
what the nighbours ate and when they are having sex.
We don't share the space. We don't.
We pass by, feeling shy, half belonging.
Do you remember how you felt in front of
the eppendorfer art galleries ? Not belonging.
Not mixt. Sensitive, but intuitive.



To K$*, to T$*, to all of them.
Now you know why i can't. You hurt. You bite.
You vampirise. You colonize. You inheritated.
I hate the rich boy inside of me who inheritated,
if not money, at least values. They are whiteness,
they are hygiene, they are politeness, they are
hypocresy, they are conventions and traditions,
they are past and future, they are profit, they are
unbeatable, they are police and governments,
they are rules and power, they are not us. They are
silence, health, they are nomads of the exotism and
adventurers of erotism. They are fashion and old fashion.
They are cuttelry and table manners. They are nobles,
kings, queens, aristocrates. They are families.
Owning entertainment, because nothing real touches their lives.
mes rêves me disent des trucs qui heurtent et qui hantent autant que mes ruminations. hier par contre les yeux fermés sur la plage, les plus beaux motifs sont venus se glisser entre mes paupières, violacé, grand bleu, ocres, pourpres, sapin. dentelures, cétacés, fruits passions, une pulsion de vie mouvementée, un désir végétal. je rêvais a ça et aux garçons a qui je n'ai jamais dit que je les admirais. a ces petites perles qui illuminent mes nuits quand je n'ai plus de réseau. répandent la nacre sur des draps drus, secs. je me demande si je pourrais rester dans ce village entre mer et montagne ou tout le monde est anar et se rencontre a la taverne. le regard des inconnus est honnête. j'étais disposé a l'aventure. Je ne sais pas si le projet politique est clair ici sous les oliviers, je ne l'ai pas saisi ou bien je ne suis pas conquis. 26 ans j'ai envie de croire encore en quelque chose, est ce que vivre dans des valeurs catalanes me rendrait moins cynique ? est ce que je veux m'enfuir ? une nouvelle chance ? travailler lentement ? Peut être que la ville me bouffe. Il y a quelque chose avec les images. la ville m'expose aux images de moi, des autres, la ville forme une synthèse et un jugement sur ces expressions. Pour moi c'est un peu palpable. Personne n'appartient a la ville, pourtant, elle est beaucoup trop dans son élan, elle n'a besoin de personne pour exister. la ville est générique, c'est surtout la concentration de force de travail qui la définit. c'est le logement des prolétaires en masse. middle class ou pas. la ville me gobe, la ville me suce. y a ce poème moderne de l'autre qui en parlait déjà, la ville commodité sexuelle, vitrine. d'ailleurs c'était pas toujours respectueux. et l'autre qui parlait du verre et de l'acier, pas subtil non plus. a 17 ans, on prenait le train vers la capitale pour pécho aussi. c'était déjà établi. la ville veut me faire croire qu'elle peut restaurer ma force de travail par tous les moyens a elle seule, tout étant a disposition. le capitalisme mange des émotions ; je lis un article sur la relation entre capital et gaming, c'est mon fun rentabilisé. mes peurs m'interdisent d'être un outcast, rendent impossible un a côté de la réussite sociale, la menace de l'insécurité et les violences symboliques classistes me clouent au labeur. mes désirs façonnés glamorisent la relation que j'ai a la consommation, au travail, au pouvoir, au temps libre, même a l'amour. paraît qu'il y a pas de publicité a Mexico City. y en a toujours sur l'Internet cependant. où va la rage ? qui veut ma rage ?