topographie, mémoires, paysages de ma chair, paysage ombilic

Isabeau Sammy Césaria est un personnage gender apathetic polysexuel amateur en arts, dépressif, anarcho-féministe-queer convaincu. Obsédé par l'autonomie, l'injustice et la précarité. Quand il écrit, il est une sorcière. « Paysages de mon corps» est le résultat du défoulement de ses souffrances.
préface : urgence, politiser l'intime. Déromantiser l'écriture de soi.
Chapitre I : les drogues
6 ans, première bière. Brune. Spéciale. Belge. C'est le patrimoine. 14 ans. Vin à table. Maman veut voir ses garçons grandir, devenir des vrais hommes. Avec du goût. 15 ans. Des demi-bouteilles de vodka. Terriblement érotiques. Qui me permettent de percevoir mes fantasmes sans avoir l'impression d'être démasqué, jugé, discriminé. Une main qui s'attarde sur mes fesses sur la grand place de bruxelles ; une jambe qui oublie de repousser le contact d'un ami athlète dans notre demi-sommeil. Le goulot qui passe d'une bouche à l'autre, c'est comme si on s'embrassait. Ça ne compte pas si personne ne s'en souvient. L'alcool qui me rend aussi viril et intouchable que les hétéros de la (basse-)cour. Qui exhibe mes hormones mais flétrit mon chibre en même temps. Une bonne excuse pour celles qui ont tenté d'en faire un objet de plaisir. Profitant de l'hétéronormativité qui logiquement, devait me pousser à vérifier si j'étais sûr... 17 ans, le moustachu, l'alcool qui coule aux lèvres de tous les homos, qui comme moi surement, y trouvent un soulagement. La conscience d'être victime d'une opression a éveillé une sensibilité qui permet de détecter les situations inconfortables, injustes, dangereuses. On découvre que la déshinibition, la bouteille, peut faire taire cette sensibilité. Ils sont beaux les hommes saouls. On a le droit de se choper quand on se saoule, c'est beaucoup plus facile. Les bouteilles vides, je les éclate au sol. J'ai le droit d'être en colère quand je suis saoul, je suis un homme malgré tout. J'ai le droit de leur faire peur, autant qu'ils me font peur. Je gratte les éclats de verre contre mon jean, pour l'ouvrir. Ensuite il y a ma peau, j'oublie un court instant de m'arrêter. Oups. Toujours 17 ans, au You, on m'offre l'entrée, et on m'offre quelques verres. C'est parce que je suis mignon. J'entretiens le plaisir visuel des clients de la boite en étant là. Je le sais, parce que dans les toilettes, un mec se branle alors que j'emprunte l'urinoir bien trop proche du sien. En souriant un peu plus, j'aurais payé moins. En acceptant la drague de Sylvain, on aurait couché ensemble. Plus besoin de payer les boissons, peut-être ? Première grosse cuite, même âge. 50 ans de papa. Mon frère et ses super potes me défient à l'a-fond, moi et mon égo démesuré de gosse privilégié, on pense qu'on va être bons. La tête dans les toilettes, pour l'amusement de 200 personnes. Les cercles, les kaps, les scouts ; louvain-la-neuve : je rêve d'être adulé par la foule, alors que je n'aime probablement pas grand monde, d'ailleurs il n'y a pas grand-monde d'intéressant, on est tous bien trop jeunes pour ça. Les mauvaises pils aident à cotoyer des gens qu'on ne voudrait jamais voir sobre. À appartenir à des groupes auxquels on ne s'associerait jamais autrement. Génial, on réunit des gens différents. Super, on célebre la genèse de l'alcoolisme des étudiants. Autour de chants profondément sexistes. Maintenant j'utilise l'alcool pour calmer mon esprit quand j'ai des surplus de pensées, trop rapides et trop envahisantes. C'est le parfait remède. Ou bien comme un belge, la bière pour se retrouver entre amis. C'esst-à-dire, presque tous les jours.

Le café. Mamy Christiane était ma complice. Papa aurait attendu plus longtemps, mais elle n'avait pas assez de repères fiables pour se rendre compte que 14 ans, c'est un peu tôt. J'adore le goût d'un café bien fait, noir, éventuellement couplé au chocolat. J'essaie de me limiter à un par jour. 20 ans. Sur une journée de cours typique, il m'en faudra un deuxième, pour couper la faim en milieu d'après-midi et pour me tenir éveillé (pas vraiment concentré, et nerveux) jusque 20 heures. Alors que je job au Forcado, tous les cafés jugés ratés sont à jeter. Comme ce serait dommage, je les avale goulument. J'imagine que ça me rendra plus efficace. En vérité l'acidité de mon estomac me lacère, et mes tremblements me rendent forcément moins précis. 23 ans, très amusant : je vais voir un urologue, pensant être victime d'une vilaine ist. Ma couille droite me fait mal, comme compressée dans un éteau. Tous les jours. Pendant des heures. En fait, le travail manuel des 3 déménagements effectués l'été, le stress, la fatigue, la caféïne et la masturbation excessive contractent les muscles longs reliés eux mêmes à mes testicules par un muscle dont on n'a pas le contrôle. Je devrais arrêter, je ne le fais pas. J'adore. J'adore avoir mal.

Masturbation. Découverte à 11 ans, alors que Liam se vente dans le vestiaire des garçons, avant d'entrer dans la piscine du Blocry, de pouvoir se toucher et se faire plaisir. Honnêtement, pour une fois je lui en étais reconnaissant. C'était bien. Un peu compliqué quand la culpabilité d'utiliser les publicités pour caleçons comme objet de phantasme s'est pointée, vers 15 ans. Première conscience d'être aliéné. Je dis aliéné, et pas gay. Parce que l'hétéronormativité est responsable de m'avoir attribué ce qualificatif quand je ne savais pas quoi en faire. Les pubs pour slips se font remplacer par le porno, et puis il faut que je choisisse une catégorie, « gay », entre un tas d'autres expressions du male-gaze. Je ne tire aucun plaisir à regarder du porno hétéro. Victor en a montré aux élèves qui partageaient sa chambre en classe verte, en 2eme. J'ai fait semblant d'apprécier. Plus que les autres. Rétrospectivement, j'avais déjà eu de l'attirance pour des garçons, même beaucoup plus jeune. Quelque chose de brouillon, de pulsionnel, de très vivace, innocent, une tendresse ou une affection. Un truc latent que la société s'est approprié dès ma puberté : mon désir. Mes jeunes amours maladroits. Labellisés. Dégoûtants. Pervers. Pédéraste. Moi je dis, innocents. Pas éduqués. Indomptés. 19 ans, premier diagnostic de dépression. Il m'est arrivé de me branler 7 fois en une journée. Ça passe le temps. Ça envoie des micro doses d'hormones du plaisir au cerveau. Je m'accrochais à mon sexe comme on s'accroche à un symbole religieux. Frénétiquement. Entre deux rêves suicidaires. 23 ans, deuxième dépression diagnostiquée, c'est encore une obsession. Mais j'en suis conscient. La dépression paralyse. Elle limite toutes les facultés. Cette fois mon médecin a volontairement choisi un antidépresseur qui ne provoque pas de troubles de l'érection. Merci.

Smartphone. Je ne sais plus quand, avant, on n'utilisait pas de smartphone. Que la 2G et des vieux GSM incassables, cheap, devenus hyper vintage. On parlait aux inconnus dans les transports en communs. On marchait sans écouter de musique dans la rue, sans téléphoner. C'était impoli. On ne touchait pas à son GSM à table, ni pendant une conversation. C'était irrespectueux. On se fixait rendez vous oralement, et si on se perdait, on se cherchait. Les gens s'habillaient bizarrement à cette époque. Premier téléphone à 14 ans je crois. Un samsung à clapet, mais horizontal. Je voulais avoir tout l'alphabet sur les touches. Les jeux étaient nuls dessus. J'étais en retard niveau technologie, mes parents étaient persuadés que certaines séries télé, la plupart des jeux vidéos et toutes les consoles rendaient le cerveau des enfants tout mous. Je sais pas d'où ça sort. En tout cas il n'y avait pas beacoup de marge de manoeuvre pour la critique autour de cet interdit dogmatique. Ni les autres, si je me souviens bien. Non, c'est non. Penser c'est un loisir pour les gens qui ont du temps, apparemment. Et puis j'ai eu un gsm qu'un Arthur m'a revendu pour 5 euros, vraiment pas cher. Et puis un ancien du père de Gauthier, en attendant d 'en avoir un autre. Jusque là c'étaient des objets de luxe, qu'on utilisait pour se distinguer. Comme des sneakers, en fait. Et puis probablement vers mes 16 ans, on est passé au tactile, et la 3G a suivi. Facebook en poche, c'était tentant. Contrôler une image de soi qu'on expose à 500 personnes, ça donne un sentiment de puissance, surtout quand on a peur de décevoir, et qu'on est pas sûr de soi. Mais alors avec instagram, la 4G, mon huawei super performant, ma power bank, mon anxiété sociale a trouvé une distraction parfaite. Toute situation gênante peut-être évitée en plongeant sa tête dans un océan d'information à la surface lumineuse captivante. Je suis un Narcisse dans mon miroir, quand je construis mon réseau d'influence. Je suis architecte de ma toile. Je sais que mon attention génère du profit, que mes données enrichissent les GAFA, que ma dépendance installe une habitude de consommation, que mon usage conformiste de l'ordinateur de poche est un symbole de capitulation qui encourage les autres à faire de même. Une distraction passive, un contenu qui affecte mes émotions, mais dont la balance penche toujours vers mes croyances. Je suis cyborg. C'est une extension de ma main. Son poids arrache les poils de ma cuisse en s'y frottant quand je marche. Il me rend stérile, autant que les antidépresseurs mais de toute façon faire des enfants ça pollue et c'est égoïste. Sans lui je suis perdu quand je traverse les mégapoles. Quel genre d'humain qui se respecte demanderait encore son chemin aux inconnus ? Comme s'ils n'avaient que ça à faire... Scroll, scroll, scroll. Je ronronne. Abattu. En dépression, ça va jusqu'à 7 heures par jour. Le confinement n'arange rien. Je suis désoeuvré et en situation de handicap. Dans un HLM. Dans un pays étranger. Confiné. Que faire d'autre ? Avec quelle forme de motivation magique ? Une autre drogue peut-être ?

Anxiolytiques, antidépresseurs, calmants, somnifères, antidouleurs. Leurs effets primaires me sauvent la vie, leurs effets secondaires me la compliquent, mais par un savant équilibre, ils finissent par s'annuler. Je me demande si quelqu'un est déjà parvenu à aller jusqu'au bout de toutes ses notices. Avant j'en avait peur, maintenant ils me rassurent. Maintenant que je sais qu'il n'y a rien d'autre en place, rien d'autre sur quoi compter. C'est ça ou s'ouvrir les veines, et c'est ok, parce que j'ai fait mon choix. J'ai survécu à ma première crise existentielle. Certains sont addictifs, certains ne peuvent pas être mélangés à l'alcool. Si j'ai envie de passer une journée dans le brouillard, je pourrait prendre un p'tit cachet rose. Si j'ai trop d'idées dans la tête, c'est un p'tit demi-blanc (et si j'ajoutais le vin, je dormirais certainement 2 heures de plus). Bupropion Sandioz, Lorazepam, Deanxit, et j'en passe. Le médecin, après les prescriptions, me recommande la thérapie. En thérapie, on me parle de travail. Moi je suis crevé, crevé mais pas débile, j'ai plus envie de travailler sur moi comme si j'étais la source de mes propres problèmes. Comme si les oppressions n'existaient pas, que le contexte importait peu pour ma santé, que les gènes n'y étaient pour rien, que mon éducation avait été parfaitement saine. Vive le coaching, le yoga, l'asmr, la méditation, le sport à la maison, les citations encourageantes, la gestion de la colère, la communication non-violente, la sublimation par l'art, la nourriture saine, les petits plaisirs quotidiens dont l'existence nous fait cadeau. « Mon esprit est un aimant qui attire ce qu'il demande ». ça ne marche ni avec les hommes, ni contre l'homophobie, ni contre le sexisme, ni contre les politiques fascistes, ni contre l'ennui, ni contre la faim dans le monde, Karen.
Cigarettes. Rien d'intéressant. J'aime le goût dès ma première taffe. Team Malboro red. J'aurai toujours peur que mes parents abordent le sujet. Ils ne le font pas, surtout parce que je pourrais être bien trop cruel, ou alors parce qu'ils se sentent coupables. À mon avis, la plupart du temps ils s'en foutent royalement. Moi je me dis que je ne suis pas fumeur. Une ou deux par jour, de temps en temps, surtout en période de stress. Entre deux bières, le combo est délicieux. J'arrête tous les 3 mois.

LSD. En festival, autour de 17 ans, quelqu'un vend ses fonds de tiroirs, sous l'appellation « pralines de Marakesh ». Exotique. Il crie dans le camping. Sacha et moi, on veut pousser des limites, expérimenter tout une fois, et puis marquer nos corps aussi. Alors on en prend une seule, quand même, parce qu'on est curieux mais impressionnés aussi. Une praline qu'on divise en deux. Elle a fait effet dans le quart d'heure, et on s'est senti le besoin de s'isoler des regards, sans doute par paranoïa. Et puis dans la tente ronde, sombre, à peine translucide, moite, des formes géométriques colorées s'enchainaient au dessus de nos têtes, nous écrasaient au sol, maintenant nos respirations haletantes. On parlait difficilement, le temps avait disparu. On n'a pas trouvé le courage de se lever. Le temps s'était arrêté, c'était trop long, effrayant. À un moment, on s'est dit que c'était dangereux, qu'on risquait d'y passer, qu'il fallait demander de l'aide. Mais nos corps gisaient toujours là. Puis ça s'est calmé, magiquement, progressivement. C'était comme se sentir déshydraté, nauséeux, et très faibles. Bref, c'était pas de la beuh. Les potes râlaient qu'on ne les ait pas accompagnés au dernier concert. Certains pensaient probablement qu'on était occupés à baiser. On avait trop honte de dire que ça nous avait fait peur. Et on aimait trop se faire mal que pour prendre le temps de s'en rétablir. Alors c'était reparti comme si de rien n'était.

MDMA. J'ai 19 ans, j'ai arrêté mon bachelier à l'unif à cause de la dépression. C'est l'apathie et l'atharaxie, je survis sans en avoir vraiment envie, je ne suis pas très décidé à vivre, ni à mourir non plus. Je cherche le pourquoi du comment, j'en veux au monde entier mais je reste muet. Je subis le sanisme de mon entourage en plus de la dépression, coincé dans un double cercle vivieux où je ne sais pas ce que ma maladie veut dire, et je ne sais pas non plus qu'il existe un système opressif qui exclut les malades mentaux, que mes proches soutiennent et entretiennent par leur silence, leur peur, leur conformisme. Parce que c'est dans leur éducation, parce que c'est secret, et honteux. Parce que ça ne se dit pas. C'est un système qui fonctionne logiquement, dans le sens où ne pas avoir le droit de parler de dépression dissuade les gens de s'y éduquer et de partager l'information qu'ils récoltent, et les prive des ressources dont ils auraient besoin pour se renseigner. Et parce que rester ignorant par rapport à la dépression permet d'éviter la dissonnance cognitive que représenterait la comparaison entre ces information scientifiques, et les croyances stéréotypées qu'ils entretiennent. Donc on parle de ce qu'on ne sait pas pour être certain de ne pas dire ce qu'on saurait si on pouvait en parler. Et la boucle est bouclée. Donc je n'ai pas l'aide dont j'ai besoin. Je ne sais pas comment m'en sortir. Ma psy était plutôt médiocre, mais c'est la première que je rencontre. Mes médicaments me soignent, mais j'ai très peur de ce qu'ils représentent. Ma relation avec ma mère est toxique, mais elle profite de l'occasion pour jurer qu'elle prend soin de moi, qu'elle fera tout ce qu'elle pourra, m'empêchant de simplement m'en aller. Mon père est typiquement un homme, un homme aux émotion réprimées, quand elles ne débordent pas dans des contextes inappropriés. Il pense qu'il me faut des projets. Il se dit que je suis mou, fainéant. Je sors le jour ou la nuit pour coucher avec des inconnus, pour sentir quelque chose, si c'est encore possible, si c'est encore permis. Je prend un train. Je pensais que Genk, c'était plus près. Mais j'ai rien à faire, je ne vois pas pourquoi je serais pressé. Il pourrait bien vivre en Espagne... Enfin il faut que je rentre à l'heure du souper. Et que je raconte comment j'ai passé ma journée. Et que je me rappelle du mensonge que j'ai utilisé la veille. Donc le train roule plus de deux heures, je crois. Et puis je passe les détails, on s'en fout. Je suis dans une chambre dont la décoration m'intrigue. C'est touffu. C'est électrique. C'est flash. C'est lumineux. C'est gadget. Un peu londonien. Il parle anglais. Il s'appelait David, je l'ai retrouvé il y a une semaine. David travaille pour Apple, il a de l'argent, il aime les drogues, l'astrologie, le gin tonic. Il serait orphelin. Il est riche pour son âge parce qu'il a hérité. David me propose un verre de fanta pour accompagné mon cachet de drogue. Je ne connais rien au drogues. Je sais qu'un cachet c'est forcément illégal, une drogue dure, synthétique. Il me dit que ça détend, que le sexe avec ça c'est trop cool. Mon corps refuse l'ingestion, je me met à vomir. Je prends énormément de temps dans les toilettes, une seule fine porte me séparant de D., je suis embarrassé. Et puis il me parle, il me touche, il veut qu'on fasse ce pour quoi je suis venu. On n'a pas parlé de position respectives, on a fait semblant d'être romantiques jusque là. Il veut me pénétrer, je n'ai pas beaucoup d'expérience avec ça, je me sens pas prêt, surtout pas dans cet état malade. Je ne sais pas combien de fois il a insisté, à quel moment, ni comment j'ai réagi, comment j'ai exprimé mon consentement ou mon doute, je crois que j'étais en mode expérimental jusque là. Et puis il ne me touche plus, il me tient. Je n'aime pas la position. Je vois mes jambes encadrer sa tronche ridicule sur un corps qui reçoit trop d'attention. Et puis il me pénètre. Avec un préservatif ? Je ne sais plus. Et ça fait mal. Aucun plaisir. Et je suis a peu près certain à ce moment là que c'est pas une belle expérience. Mais du plaisir, lui il en veut. Combien de temps ça a duré avant que je dise vraiment non ? Une demi-seconde ou 10 minutes ? Aucune idée. Pourtant c'est très différent. Les souvenirs que j'en ai, comme tous mes souvenirs, sont très vagues. Quasiment inutiles. Finalement mon corps s'exprime, contracte mes jambes, expulse ce corps hors et loin de moi. Il vole, littéralement. Au dessus du lit. Sa tête cogne le bar. Il ne se relève pas avant un moment, et j'ai peur d'avoir eu une réaction disproportionnée, de lui avoir fait mal, d'avoir ouvert sa tête, de devoir appeler les urgences. En fait il a juste mal, mais il s'en remettra. Même après ça je prend le temps de rester près de lui, de me balader dans sa ville, de l'écouter s'écouter, de reprendre un train avec lui. Je ne comprend pas pourquoi je me suis traité avec si peu de respect. Je ne comprend pas pourquoi je n'ai pas fui. Je crois que je ne m'aimais pas, pas autant qu'un illustre inconnu.
Chapitre II : Cicatrices
A comme Anus, pour me souvenir que j'ai été charcuté et cautérisé de l'intérieur. Parce que ça ne vaudrait pas la peine de réparer la cicatrice, ce serait de l'esthétique... Pour que mes partenaires se souviennent du risque qu'ils encourent à me faire l'amour, ces déviants. Parce que l'inscouciance, c'est pas pour nous. Parce qu'il existe un vaccin, mais ça aussi, c'est pas pour nous. Le sexe, c'est les bébés. Un cancer du col de l'utérus, ça rend stérile. Un cancer du canal anal, d'abord personne n'en a jamais entendu parler, et puis on s'en fout de ce que ça fait. Sauf que mon cul, au même titre que ma queue, c'est un organe sexuel. Mon corps est un organe sexuel, entendons nous-bien, là où il y a senation il peut y avoir plaisir. J'ai beau être créatif, je n'aurai jamais fini d'imaginer tous les moyens possible de pratiquer le sexe. L'orgasme est en grande partie psychologique. Mes zones érogènes : mon cou, mon téton gauche. Différent pour chacuns. Mais mon cul, en partilculier, il me procure du plaisir – volontiers partagé. Eh bien pendant deux ans il m'a fait mal. Et pendant plus d'un avant ça, un virus travaillait à l'infecter. La douleur, la honte, la culpabilité, le traumatisme. Intenses. Trois piqures auraient suffit à empêcher ça. Quelques tests préventifs. Et une éducation sexuelle moins normative (discriminante). Mon corps est politique. Mon plaisir est politique. Mon sexe est politique. Parce qu'au gouvernement, un connard a décidé qu'un vaccin contre le HPV, c'est pour les filles de 12 ans. Les hommes cis peuvent bien le transmettre en masse, suinter du gland dans d'autres orifices, tout le monde peut bien en souffrir. Le problème n'est pas là, apparemment on s'inquiète de savoir qui va épargner pour la pension des vieux si le taux de natalité baisse à cause de femmes stériles (sorcières !). Humiliation intense parce que sans indépendance économique, j'ai dû étaler les détails de ma vie sexuelle, de mon intimité la plus intime, à mes parents. Mes parents dont l'homophobie est banale, ni trop virulente ni trop combattue, juste banale, silencieuse, insidieuse, derrière mon dos et bien avant ma naissance, dans un coin de leur épistémologie défaillante. Parce que la chirurgienne la mieux qualifiée pour les opérations est persuadée qu'il est important de me dire que mes pratiques sexuelles représentent un risque. Que les homosexuels sont une communauté dangereuse, malveillante. Je cite. Que ma dépression doit en être une conséquence. Violence. Ça résonne comme un bruit sourd dans mon oreille pendant des semaines, des mois. Je suis muet, je ne sais pas par quel bout attaquer ses idées de merde. Et puis elle tient le scalpel quand je suis anesthésié. Elle me sauve en même temps, j'ai pas intérêt à la contrarier. J'ai vu sa maison. J'ai vu son quartier. Elle est richissime. Avec l'argent qu'elle a soutiré aux pédés infectés, elle aurait pû s'acheter une meilleure éducation plutôt qu'une villa thomas et piron. Goûts de chiotte. J'ai saigné pendant des mois. J'ai eu peur de manger, de digérer. Mon corps a pué, au fond de mon lit. J'ai avalé plus de six antidouleurs par jour, sans que ça puisse étouffer la pire douleur que j'ai jamais connue. Imaginez vous des couteaux. C'était comme avoir des couteaux dans les entrailles. Imaginez vous tentr d'avoir une vie sexuelle pendant, après ça. Je me suis caché, je suis resté caché pendant un mois avant de revenir en cours. Juste pour attendre que ça recommence. J'ai eu peurr j'ai eu mal. J'ai transmis le virus. J'ai eu peur, j'ai eu mal, j'ai honte encore maintenant. D'une honte qu'on m'a brodée sur l'épiderme. Qui semble familière alors qu'elle vous parasite. En l'espace de 5 ans, je n'ai pas cessé d'être malade. Mais au bout de quelques mois, vos proches s'y habituent. Sortez avec une jambe dans le plâtre, le monde entier va s'embarrasser à l'idée que vous puissiez en être handicapé. Sortez avec le HPV, un précancer et une dépression, et on vous demandera de sourire plus souvent, voir de gentiment bien vouloir dégager, pour pas faire de l'ombre aux bien portants. J'en ressors animal, j'en ressors affaibli, j'en suis méfiant. Je ne pourrai pas oublier et mon corps porte les cicatrices. Il réclame vengeance, mon corps il rampe et il se complait dans le sombre, dans le froid. Il est comme une plante assoiffée, privée de nutriment, qui se replie sur elle-même, consomme ses derniers sucres pour fleurir. Les plantes font ça. Quand elles manquent de ressources pour grandir, elles consomment l'énergie disponible pour se reproduire. Souvent ça veut dire qu'elles fleurissent, pour qu'une autre génération, un clone ou un morceau survive à la disette. Je ne pense pas avoir autant d'instinct de survie. Je suis égalmement très fier de faire insulte à mon espèce en lui révoquant l'instinct de sa survie. Mon désespoir, l'aporie de l'existence ne sera pas un prétexte suffisant pour fabriquer un humain qui devra se contenter des même conditions. Ma souffrance n'est pas un bon prétexte à la survivance d'un code génétique. Ma stérilité est raisonnable, mon orientation est normale. Les autres, tous coupables par mimétisme. Coupables de ne pas réagir.
Genre. Le genre comme une cicatrice. Pourquoi ? Parce que l'appropriation de mon orientation romantique par les autres qui sert à m'aliéner sur base de mes différences, a fait de moi un moins qu'homme. Parce que j'ai été gay, pd, avant de savoir ce que ça voulait dire. Parce qu'une menace plâne sur nos masculinités quand on est homme homo. Parce que la peur de la rejection est la meilleure motivation pour assimiler la norme. Dire qu'on a le choix de son identité et de son expression de genre, c'est vrai dans l'idéal, un idéal d'absolue autodétermination, que je soutiens complètement. Mais nous ne sommes pas libérés de l'emprise de la cishétéronormativités sur nos trajectoires, sur nos éducations. Moi je n'ai pas fini de chasser la voix qui me flique dans ma tête, l'internalisation de ces normes . Loin de là. Je ne suis pas satisfait de ce que d'autres appellent « un progrès » en la matière, encore moins avec « plus de tolérance ». La vérité, c'est qu'il reste à détruire un travail omniprésent de propagande. Et je n'ai pas été socialisé entièrement comme un homme. J'ai toujours eu peur des groupes exclusivement masculins. Je jouais avec les groupes mixtes ou les filles. Jamais au foot. Je crois qu'il y avait un risque, une exposition. L'hétérosexualité n'est pas naturelle, c'est un système politique qu'on apprend, qu'on apprend aux enfants. On apprend à aligner sexe, genre, orientation sexuelle, rôle dans le couple, rôle dans la famille, représentation dans la culture. En deux catégories distinctes, hermétiques, arbitraires, hiérarchisées. C'est pour ça que l'homophobie et la transphobie découlent de la misogynie. Ça on peut l'apprendre ailleurs. Je veux surtout dire que j'ai eu, enfant, une affection particulère pour des garçons. Deux d'entre eux était à l'école du cirque avc moi (avant que mon père décide que je devrais faire un vrai sport). Un autre était amoureux de moi, autour de ses 11 ans, et me l'a avoué plus tard. Ça ne pose aucun problème à personne de dire que j'avais une amoureuse à 6 ans. Qu'on s'embrassait sur la bouche. Que nos parents et nos frères encourageaient cette histoire. Ça ne pose pas de problème non plus, de voir des enfants de 4 ans jouer à « papa maman ». C'est l'hypocrésie totale. C'est ça, la tolérance. Je vais citer wikipédia : tolérance « désigne la capacité à permettre ce que l'on désapprouve, c'est-à-dire ce que l'on devrait normalement refuser. En construction ou en dessin par exemple, on dit qu'on peut tolérer une certaine marge d'erreur. Au sens moral, la tolérance est la vertu qui porte à respecter ce que l'on n'accepterait pas spontanément, par exemple lorsque cela va à l'encontre de ses propres convictions. C'est aussi la vertu qui porte à se montrer vigilant tant envers l'intolérance qu'envers l'intolérable. » Si les cishétéros décident de continuer avec leur foutue tolérance, je répondrai par la défiance. Je ne veux pas être toléré, supporté mais mis à l'écart, incompris, discriminé, mais théoriquement méritant le droit d'exister. On vous emmerde. Vous pouvez bricoler tant que vous voulez avec vos épistémologies naturalisantes malades, nauséabondes, violentes. Vous ne comprendrez pas tant que vous ne saurez pas écouter et vous taire. Oui, il y a un vous et un nous, et j'ai le droit de l'utiliser. Vos identités ne sont pas invisibles, vous travaillez à leur invisibilité. Quelle est la date de votre dernier coming out ? Quand vous regardez un film romantique, vous vous dites pas « tiens, le héros est hétéro, comme moi. Je me sens concerné » ? Quand est-ce qu'on vous a demandé pour la dernière fois de trouver des arguments valides pour justifier votre identité de genre et votre orientation ? Est ce que vos pratiques sexuelles dégoutent vos proches, comment est-ce qu'on en parle ? Est-ce que votre corps fait l'objet d'une catégorie porno ? Un jour, je devais avoir 8 ans, un garçon arrive à l'école, le soir. Son père veut l'inscrire à l'école, mais il est trans. Il s'est fait harceler dans ses écoles précédentes, et il veut changer en cours d'année. Le père parle à la surveillante, Catherine, qui n'en mène pas large, ne sait pas quoi faire. Pendant ce temps, l'enfant se balade dans la cours, comme les autres enfants. Comme on ferait une visite de locataire, avant d'emménager. Sauf qu'il tombe sur Nicolas et moi. Et très vite, il se présente. Et très vite, on lui dit « tu n'es pas un garçoon ». Et très vite, il se défend, et répète « je suis pas une fille ». Et au bout d'un moment, on lui demande qu'il montre son sexe, comme preuve. Et un enfant pourrait expliquer la transidentité de manière simplissime, peut-être, mais pas au moment d'être agressé. Il n'est jamais revenu. Et nous, on pensait savoir ce que c'est, d'être un garçon. Il y avait aussi Mickey, et Vivianne. Deux « garçons manqués », de l'école primaire. Je jouais pas mal avec Vivianne, elle habitait en face de chez moi. Elle voulait jouer à la playstation. Et à touche-pipi. C'était innocent, évidemment. Mais sa mère n'a pas apprécié, et je ne suis jamais revenu. Un peu comme quand ma mère a décidé de m'interdire de prendre des bains avec ma demi-soeur. Ça se passait sous le toit de mon père, sous son controle, sa juridiction. Mais elle a voulu empiéter sur ce territoire, croyant bien faire. Les garçons aiment et chassent les filles, les laisser nus ensemble représente un danger. Mes grands-parents ont voulu me séparer de ma cousine aussi, quand on dormait ensemble chez eux. J'avais eu chaud, m'étais mis torse nu. C'était un peu avant mon adolescence. Ils ne l'ont pas toléré. Jusqu'à quel âge m'a-t-on autorisé à dormir avec mes frères ? On ne me l'a jamais interdit. Il est arrivé qu'on se masturbe dans la même pièce – leur initiative. Il parait que ça fait partie d'un certain rituel d'initiation. Ce n'est pas possible qu'un garçon désire un garçon, c'est interdit que des frères se désirent. Donc il n'y a pas de problème à les laisser nus ensemble. No homo, bro. Et je ne pense pas que ces souvenirs aient changé quoi que ce soit. Il arrive maintenant qu'avec la famille de mon père, on aille au sauna, ou dans un lac, nus. Ma soeur n'aime pas. Pour les autres, ça va. Revenons à la défiance. Si je parvenais à tuer la honte, si j'étias fier, j'adopterais la stratégie choc. Ce que j'écris dans mon coin, je le dirais en public (il ya un réel danger de punition, de répression, cependant). Et donc, mes raisons d'être hors norme : j'aime le vernis, le crayon, le fard, le fond de teint, les boucles d'oreille, les vêtements de seconde main un peu vintage, les cheveux longs, les vêtements en couleurs autant que les tons sobres, toutes les nuances de bleu, les hommes et sans doute d'autres genres (bien que je ne veuille pas leur faire la chasse), je suis sexuellement gourmand et curieux, je ne dédaigne pas les paraphilies, le bdsm. Je connais le consentement, je suis sensible et capable d'exprimer mes émotions de manière non violente dans une relation amouoreuse, je ne crie pas, je ne bouscule pas, je ne me muscle pas, je sais regarder mon corps et l'apprécier, je sais aimer, et plus d'un à la fois. Je souris rarement. Je suis un homme, mais pas comme eux.

Commotions. Je suis tombé deux fois sur ma tête. J'étais un gamin un peu sauvage, un peu trop aventureux. J'étais maigre, avec une touffe de cheveux jamais coupés courts, mal habillé voire pas habillé. On voyait mes os, et surtout les griffes que j'avais toujours dans le dos. À force de grimper les arbres, ramper entre des haies, jouer dehors, provoquer les chats. J'avais une voix fluette à percer les tympans et j'arrivais pas à comprendre si on m'écoutait ou pas. Ça m'arrivait de décrocher d'une conversation, de me sentir à part, d'avoir des comportements violents impulsifs (taper mes frères avec une branche, me mettre à cogner ma tête contre un mur, giffler un.e ami.e – parfois). J'étais un enfant bizarre, c'était un non-dit, je pense que mes parents ont cru que leur divorce (pour lequel la société les a sur-culpabilisés) avait retardé mon développement. Ils disent la même chose de mon demi-frère. C'est con. C'est se voiler la face. Je roulais à trottinette, à 6 ans. J'ai chuté, cogné une bordure en béton, ai vomi mon hot dog, suis tombé inconscient. Plus tard, peut-être à 10 ans (encore une fois, à la grosse louche), j'ai voulu me balancer sur les barres parallèles de la cour, et puis j'ai laché prise involontairement, ai fait un vol plané, ai cogné l'arrière de mon crâne. On ne saura jamais si ça m'aura rendu plus con. Peut-être qu'il me manque une case, que j'ai perdu des souvenirs, je ne sais pas.
Dos, sur mon dos la dermatologue m'a retiré un grain de beauté. Ça laisse une cicatrice un peu ronde. C'était comme une intervention chirurgicale de prévention. Contre le cancer de la peau. On ne sait pas si ç'eut été dangereux de le laisser là, il avait du charme. Mais c'était un peu trop noir. Alors on fait un petit trou dans la peau, autour du point, comme on pêcherait le poisson sur la banquise. Puis on recous , et ça devient un peu rose, un peu gondolé, c'est un peu un motif décoratif. On me demande parfois ce qui m'est arrivé, je les laisse imaginer toutes sortes de bobards. C'est fou qu'on prête autant d'attention à un petit point rose sur la surface de mon dos. Qui se soucierait autant de mes cicatrices psychologiques ?

Arcades. Les deux ont été ouvertes. L'une contre un pommier quand j'étais petit. L'autre contre un brabançon dans un pogo néo-louvaniste (oui, ça arrive). Voila, c'est tout, c'est discret. Ça a son petit charme (mes sourcils sont épais et noirs).

Quand je rase mes cheveux, j'ai un grain de beauté sur le scalp, de l'épaisseur de mon petit doigt. C'est une signature cachée par mon épaisse chevelure.

Chapitre III : Habitudes, habitus
Je baisse les yeux quand je croise un regard dans la rue. Je regarde mes pieds. Juste au cas où j'aurais eu tort de sortir de chez moi. De porter les vêtements qui me vont bien.
Je fixe mon reflet dans toutes les vitres de la rue. Au cas où j'aurais une tahce, ma braillette ouverte, une coiffure ridicule... Pour trouver une explication à la sensation d'être surveillé, dévisagé, fixé. C'est de l'anxiété sociale, c'est de la paranoïa. C'est mon héritage. C'est ma part de l'humanité qui m'a été assignée. C'est l'espace qu'on veut bien partager avec moi.

Chapitre IV : Habillé
l'art ; outil de distinction sociale
Les jours où je refuse d'être vu, je porte un hoodie noir, un jeans noir, des baskets noires, et je traverse la ville les yeux baissés, pour éviter de ressentir un jugement que je projette dans les regards éparpillés par contingence spatiale. Ces jours là, je ne veux pas non plus être désiré. Le désir des hommes est un plaisir violent dans son anticipation cruelle de certitude. Les jours de confiance, je regarde mon corps nu avec le sourire d'un vainqueur. Parce que globalement, la beauté, dans ses critères locaux, m'est acquise pour un temps. Les jours dont j'ai pris l'habitude, mon regard ne saisit pas la surface de ce corps, et ces yeux qui ne m'appartiennent que par déduction scannent des paysages qui souffrent d'une exploitation violente des ressources. Le ventre n'est pas maigre, les épaules sont trop affaissées, la cage thoracique est trop étroite, les courbes ne sont pas assez nettes, la poitrine manque de poils ; elle est asymétriques, les tétons sont des mamelles trop féminines, la bouche s'affaisse au niveau de la commissure droite, les premiers cheveux blancs se laissent arracher, le nez a cette vielle habitude de suiter de graisse et a l'air de pousser comme un légume racine d'année en année, la machoire est molle, les joues s'engraissent depuis quelques années, la posture est désarticulée et penche sinueusement, les pieds sont plats, larges. Les orteils sont bossus, bestiaux, puants. Les onlges sont sauvages. Les cuticules poussent revêches, les cheveux prennent un volume non désiré et des libertés embarrassantes, la pilosité faciale est éparse.
Je choisis la mode de seconde main en ayant l'impression de faire des économies. Ou bien est-ce que c'est pour s'attribuer des gouts raffinés ? Ou pour appaiser la conscience tourmentée du consommateur dit averti et (trop) idéalisté ? Ou simplement la performativité de mon appartenance à la classe des artistes, à la classe des queers ? Je n'ai pas la réponse. Avec plus d'argent, je ferais mieux. Comme ça m'obsède un peu (mais j'en tire un certain plaisir), je serais capable d'en faire un enjeu. Trivial ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Je ne crois pas qu'il y ait de la simplicité nulle part dans ce bouillon sémantique. Conformiste dans un milieu anti- ? Volontiers.
Art
Je ne sais pas si, ou quand, ça a commencé. Je ne sais pas si je devrais, je ne pense pas vouloir – arrêter.
Chapitre V : mon corps, ses saisons.
Chapitre VI : fluides.