S'endormir à l'envers,
c'est comme compter à rebours en commençant par l'inconnu
ça pèse un temps considérable, ça sent l'échec à pleine bouche
Partir vers le sol, c'est s'attacher au point de départ
regarder des alouettes apprendre à traverser les montagnes depuis un mug bouillant
planter des rangs de cigarettes dans un pot de terre cuite
relever le nez pour sentir le printemps frémir les cordes vocales,
hérisser les frissons




Taquin avec les lettres pour mieux prendre le temps perdu,
pour mieux rendre le tertre pendu, pour peu perdre le manque-vertu.
L'horloge est surréaliste parce qu'elle surgit aux gens qui ne comprennent pas comment le temps peut passer, alors qu'il ne fait jamais que revenir sur lui-même, alors qu'il emprunte le même chemin douze fois.

Aux dés et aux fauves, aux seins nus et aux chapeaux melons, aux pommes et aux gares, j'ajoute les post-usines, les bibelots de plastique, la carrière de marbre, la promotion, les fruits qui se mangent coupés en deux, les torchons et les canettes.
un bouc surplombe une falaise
ses dents poussent comme de l'herbe sauvage
il surveille un troupeau de bisons vodka
la prairie est marécageuse.
Un homme nu s'enlise et bronze
l'eau croupie verdatre dessine nettement les contours de son corps à moitié immergé
il prend racine comme une intelligence végétale
un bison couronné de trèfles renifle son visage, s'assure de la présence du souffle
le ciel sur les cornes d'Alep prend du relief grisatre, mais la lumière de la côte agitée transperce
Le bouc s'assied, l'échine doublement courbe, se prélasse dans une friche dense
pointe de sa pupille verticale le coeur mammifère du topos
Le temps s'allonge et l'assemblée se raidit.
Le principal des ruminants ne trouve pas son compte.
Il bouscule l'endormi dans sa soupe, qui grogne difficilement
le garde aux sabots fourches déploie sa geule et chante un ton allongé dont le vent s'empare
la marche du troupeau reprend et le frêle Atlas perd une branche, un cheveux terni
sur l'eau acide entre ses doigts émerge en même temps le bouton jaune d'une renoncule
la nuit frissonnante s'empare des restes et une vague de sable recouvre la pudeur
Il ouvre les yeux compte les étoiles et le les rochers s'endorment pour lui au son du ressac
jusqu'à la prochaine aurore.