Pan, PAN ! Panpan.
Panne. Panache, Pantoufle. Pendrie ; pendule. Pendu.
Palabre, perdu, pénible, pénurie. Pentacle, perturbé.

Panpan, je suis suicidaire. Ma tête bourdonne et tout me fait mal, mon corps s'affalle, je m'étouffe. Je m'imagine pleurer en espérant que ça marche, rien n'y fait ; mon corps plutôt inerte refuse de coopérer. Je ne sais plus quand j'ai faim, je redoute mon inactivité, donc je sors, et en sortant je m'empêche d'être lucide aussi. Je ne veux pas grandir, je veux saisir ma jeunesse comme si la joie me revenait de droit. Je n'ai pas de nom, pas de talent. Je suis invisible, on ne m'entend pas. Quand je pense aux sillons des couteaux contre ma chair d'animal abattu, je me dis qu'il vaut mieux écrire. Le reste, je peux le remettre à demain. Remettre, régurgiter, l'intoxication du dedans vers le dehors. Pisser sur ce qui m'emmerde. Je ne trouve pas la rigueur de m'astreindre à des habitudes ; je ne connais plus la passion, je n'ai pas la patience, je ne pas. Je pas. Pas je, je n'existe pas. Vous ne me connaissez pas, je ne vous connaitrai pas, je n'ai pas le temps pour ça. Je voudrais guérir, je n'y arrive pas. J'aimerais aimer. Confronté à mon impuissance, je voudrais fuir. Il n'y a pas d'ailleurs. Je voudrais que le jeu soit perdu d'avance, pour ne pas faire d'efforts. Quand je mange, je me dis que ça sert à ne pas tomber. Il faut que je me distraie. Personne n'aime les gens tristes. Moi non plus, je n'aime pas les gens tristes. Ça m'horripille de devoir faire l'usage démonstratif d'une empathie feinte. Je n'aime pas non plus les gens cultivés. Ni les gens riches, ou les gens heureux. Ceux là me rendent jaloux. Je n'aime pas les gens des villes, ils sont certains de mieux savoir. Je n'aime pas les gens des villages, je suis persuadés qu'ils ne savent pas assez. Je ne m'aime pas ; il n'y a rien de bien chez moi, tout est tordu, pointu, compliqué, impraticable. La cohabitation est infructueuse. Je n'aime pas écrire ; j'aime l'idée d'écrire des choses que les gens trouveraient intelligentes. Je ne suis pas malin ; sinon ça se saurait ; on me dirait « toi, tu es un malin ». On ne me dit jamais rien, globalement, on me laisse dans le flou sur le moi. J'imagine que je rend les autres mal à l'aise. Je plombe un peu l'ambiance ; avec mon désir absolu de sincérité. Quand je serai grand, je ferai des trucs pour les autres. Des trucs pour que les autres ne s'ennuient pas ; pour qu'ils ne se sentent pas seuls. Pour les distraires des questions qui leurs font mal à force de cogner les coins de leurs têtes. J'aimerais que les imagnaires soient comme des baies vitrées. Qu'on peut ouvrir sur des prairies de paquerettes, de trêfles, de pissenlits, de chardons, de coquelicots, de marguerites. Buttinées par des voraces volatiles éphémères extravagants. Qu'on peut fermer sur des orages lourds, sur des brumes suspectes, sur des pluies torrentielles glaçantes, sur des vents violents, sur des airs pollués. Des imaginaires domestiques. Les gens devraient s'occuper d'eux comme on s'occupe d'une maison. Qu'on nettoie quand c'est sale ; et puisqu'on y vit, c'est une besogne à laquelle on se colle forcément régulièrement, bien qu'on puisse toujours tergiverser sur le moment précis du passage à l'eau. Une maison qu'on adapte à son usage. Des bricolages pour éviter les fuites. Je tiendrais ma tête sur mes épaules comme on tient un petit budget. Avec un carnet de dépenses, un crayon gris, et puis des bouts, des éclats, de la mitraille, des brolls. Je ne veux plus me sentir coupable de chercher à survivre. Je ne veux plus que dehors soit une menace matérielle pregnante. Le dehors me colle à la peau. Je ne porte aucune réalité avec style. Je ne me suis pas encore trouvé. Ego lego. Je fais la vaisselle ; je suis. Je devrais consommer plus, j'aime l'idée du pouvoir d'achat. Si j'avais beaucoup d'argent, je soignerais mon intérieur comme une princesse. (sexe). Des fleurs, des textiles, du gout, de la lumière, de l'espace, un air frais. Le luxe, c'est rendre le nécessaire invisible, immatériel. Je me réveille (très difficilement) en face d'une de mes photos, une photo de l'Elbe, d'industries qui lui sont amarrées. Je veux sculpter en plâtre des moulures de ballons ; je les trouve sensuels. J'aimerais les voir sous une forme immaculée, lisse et plus pérenne. Je n'ai la force que d'idées fugaces. L'esthétique, c'est un peu du gaspillage. J'ai dit un jour à un Antoine, que son architecture d'intérieur devait être difficile à entretenir. Il a qualifié mon souci « d'argument de la ménagère ». C'est vrai que je ne saurais pas où ranger mes sculptures. Je voudrais juste les faire, juste pour voir. Juste pour ne pas mourir. Miroir. Mouroir. Mirante. Marmotte. Je n'ai plus besoin de me faire comprendre. Je ne crois plus au bonheur des autres. Je regarde trop d'images, mais je pense que je vais arrêter. Je commence toutes mes phrases par « je » ; « moi » ou encore « moi je ». Et c'est très bien comme ça parce qu'il se trouve que je ne connais personne d'autre.